Comment être reconnaissant pour nos bénédictions comme nos défis
Les pratiques contemplatives consistent souvent à prendre du temps pour rendre grâce. Par exemple : Prenez un moment de tranquillité pour reconnaître toutes vos bénédictions, et soyez reconnaissants pour les belles qualités que vous avez en vous.
On exprime habituellement de la gratitude pour les bienfaits qu’on reçoit : pour nos enfants, les êtres chers dans nos vies, ou encore pour ce que la vie nous offre de merveilleux comme les qualités qui nous ont permis de se sentir apprécié – des autres ou de soi-même. Ou comme la beauté de la nature.
Mais peut-on aussi pratiquer la gratitude essentielle ou fondamentale, c’est-à-dire se sentir rempli de gratitude tout autant pour les expériences difficiles ou douloureuses, nos crises, celles qu’on expérimente individuellement comme collectivement ?
« La gratitude, c’est d’être reconnaissant de ce que l’on reçoit. Mais c’est aussi une orientation de l’être et du cœur, une disposition de l’esprit, une attitude que l’on choisit d’adopter envers la vie, les événements, les souffrances. Une qualité à cultiver. Un état de grâce à retrouver. » Christine Angelard, La gratitude qui guérit, Édito.
Puis-je être dans un état de conscience qui me permet d’être remplie de gratitude pour le départ de quelqu’un que j’ai aimé plus que tout au monde ? Ou pour un diagnostic grave qui me met face à moi-même, à ma vie et à la mort ?
Peut-on ressentir de la gratitude pour ce qui se passe en Afghanistan ou en Syrie, alors que tant d’innocents sont tués au nom de la religion ou d’une idéologie ?
Peut-on ressentir de la gratitude pour les changements climatiques ? Pour l’extinction de certaines espèces animales ou végétales ? Pour des villes entières de réfugiés qui meurent de faim ?
Peut-on offrir de la gratitude pour toutes ces histoires de séparation de l’humain avec ce qu’il a d’humain en lui ?
Peut-être que lorsqu’on arrivera à l’Âge d’Or de l’unité, l’on ne jugera plus les choses comme noir ou blanc, bien ou mal, correctes ou pas correctes. Peut-être qu’on pourra ressentir que tout est une évolution, une transformation, une seule grande expérience de Vie.
Le paradoxe : douleur et gratitude
Il n’est pas question ici d’être d’accord avec le terrorisme ou de célébrer la façon avec laquelle les humains se font violence. Ce n’est pas non plus une sorte de passeport spirituel pour dépasser rapidement la souffrance de perdre un être cher ou de voir un autre humain souffrir. Il n’est pas question de se distraire de la souffrance.
Il s’agit plutôt de cultiver une habileté à vivre un paradoxe : celui de ressentir une souffrance ou une peine et à la fois d’être reconnaissant pour ce que la difficulté de telles expériences permet en nous, comment elle nous ouvre à autre chose qu’à l’illusion, comment elle nous met face à ce qui est vrai et pur dans notre existence. Les expériences douloureuses souvent nous amènent à ressentir profondément que nous sommes tous UN et qu’on est là, sur Terre, simplement pour aimer et être aimé…
Souvent les tragédies nous amènent à nous regrouper, nous entraider, nous dépasser… pour survivre ensemble et expérimenter l’union plutôt que l’opposition.
On peut accueillir à la fois l’épreuve et son cadeau, celui de retrouver nos valeurs les plus fondamentales.
Si la personne que j’ai aimé le plus au monde vient de partir, même si je suis encore meurtrie de son départ, je peux aussi être vraiment reconnaissante pour ce que cette séparation me permet de vivre. Autant des larmes comme une connexion à une force intérieure que je n’avais pas encore ressentie. Les deux sont vrais si je suis capable de vivre le paradoxe en moi.
Être secoué nous permet de nous éveiller à… autre chose, à une perspective plus grande, une conscience plus grande de ce que nous sommes. Lorsque la vie est trop… confortable, c’est facile de s’endormir.
Il y a plusieurs années, durant l’expérience d’un épuisement physique profond, alitée, incapable de me lever toute seule, j’ai pu reconnaître que lorsque je n’ai plus résisté à la douleur, à la tristesse de me sentir impuissante, ni à l’extrême faiblesse de mon corps, j’ai pu ressentir en moi quelque chose qui ressemblait à de la joie, celle d’être simplement vivante. La joie toute simple de la sensation du mouvement du sang dans mes veines, de mon cœur qui bat, de mon ventre qui se soulève par mon souffle. Alors j’ai ressenti qu’en moi il y avait la VIE et que tout était possible encore si je lui faisais confiance et que je m’unissais délibérément à elle.
Peut-être que toute la souffrance humaine fait partie d’un mouvement évolutif d’ouverture de conscience collective. Peut-on trouver un chemin vers la gratitude lorsqu’on reconnait que l’humanité commence à s’éveiller à qui elle est ?
Kahlil Gibran a écrit :
Votre douleur est cette fissure de la coquille qui recèle l’harmonie de votre esprit.[1]
Peut-être qu’on n’a pas BESOIN de souffrir pour grandir, mais l’expérience de la souffrance est un portail vers une compréhension plus profonde de la réalité, quelque chose qui ajoute un sens plus grand à notre vie.
L’année dernière, j’animais un atelier de méditation « Bienveillance et Gratitude ». Nous y avons vécu de multiples façons de ressentir et de vivre ces deux thèmes. Je vous en offre une, toute simple.
Expérience de gratitude
Tentez de vivre une journée en la débutant en respirant doucement et en prenant le temps de ressentir dans votre cœur :
J’ouvre mon cœur à tout ce que je suis…
J’ouvre mon cœur à tout ce que je crée…
J’ouvre mon cœur à tout ce qui m’arrive, sans résistance…
Merci la vie, merci pour tout.
Et au cours de la journée, répétez avec douceur et bienveillance ce mantra en vous « Merci la vie, merci pour tout. » Ouvrez votre cœur. Observez ce qui se passe.
Et souriez… À chaque instant, la vie est avec vous…, la vie, c’est vous !
Christine Falaise
Relation d’aide
Équilibre énergétique
Méditation
Inspiré de “Radical Gratitude: How to Be Grateful for Both Blessings and Challenges” par Lissa Rankind, M.D.
https://chopra.com/articles/radical-gratitude-how-to-be-grateful-for-both-blessings-and-challenges
[1] En voici une autre traduction : Ta douleur marque l’éclatement de la coquille qui enferme ta compréhension. Extrait du Poème sur la Douleur, du livre « Le Prophète ».